Altriman 2023 – au cœur de l’introspection personnelle ! (par David Rebours)


Quelle est la quête d’un tel défi ? Le slogan d’abord : « la folie est la seule chose qu’ on ne regrette jamais » . Chacun a son histoire personnelle et ses motivations, des choses à se prouver, l envie de connaître ses limites.

Un dimanche pluvieux d’octobre, je me lance comme un junior (à 51 ans il faut arrêter d’en avoir 12 dans la tête) ou un lapin de 6 semaines sur l’inscription en ligne de l’altriman, Même pas peur. Tout seul comme un grand. J’apprendrai plus tard que Xavier Foucoin et Damien Léon ont également signé ce challenge.

Pourquoi, celui ci ? J avais fait l embruman 2015, l’alpsman 2019 donc c’était la suite logique dans la difficulté. Freddy Gabillard (7ème en 2014 en 14 h ! monstrueux) m’avait parlé de cette épreuve. Connaissant le costaud, je savais qu’il y avait défi.
Je me prépare gentillement dès l automne en natation en nageant 2 fois par semaine (1 fois avec Antoine le lundi et 1 fois avec Pierre le mercredi). C’est le plus redoutable pour moi. Je ne suis pas né avec des écailles et nageoires et les crampes ne sont jamais loin à la fin de chaque séance.. Je m accroche.

Puis, je mixe un programme Ironman en fonction de mon temps (famille, boulot) et capacité de récupération sur toutes mes expériences précédentes. Pour info et pour déculpabiliser certain(e)s, je ne bosse jamais aussi bien qu’après de bonnes séances de sport. Donc pas d’incompatibilité avec la vie pro.

Maintenant, il faut une bonne organisation. Au fur et à mesure de la prépa, j intègre quelques compétitions pour avoir des repères (2 M et un Half) moi qui n’avais plus fait de tri depuis septembre 2021… Et surtout je m’écoute, je marche à la sensation . Si je suis trop crevé ou pas motivé, je zappe la séance prévue. Je me suis parfois blessé bêtement en m’imposant un plan rigoureux.. Les doutes sont toujours présents dans une prépa. En ai je fait assez? Trop ? Assez fort ? Assez intense ? Etc.
L important sur une épreuve de cette longueur, c’est d’arriver frais et pas blessé . Là, le pari est gagné. Je dis souvent que le jour de la course, c’est la fête et la récompense de tous nos efforts.

J arrive aux Angles le mercredi soir avec mon épouse et ma fille aînée après 10 h de route. On passe le col de pailhères dans la brume , visibilité 10 m. Très très intimidant. La pression monte d’un cran. Je consulte la météo dès mon arrivée. Plutôt très rassurante pour le samedi . Ensoleillée voire chaud. Je préfère, je déteste le froid. Ouf Loïc n ‘est pas là (Loïc, c’est mon chat noir. A chaque fois que j ai fait
une épreuve avec lui, il a plu).

Une petite sortie tranquille à vélo d’1h30 de lendemain pour dégourdir les jambes. Un trempette était normalement au programme pour découvrir le lac de Matemale mais j en ai franchement pas envie donc je zappe. Je dors, je bouffe et je me détends.

Vendredi, récup de dossard, dépose du vélo (je retrouve Xavier et Damien) et débrief de course. La pression monte d’un cran. Le maire de la commune nous fait un discours de bienvenue, mais nous dit aussi qu’on est vraiment des masochistes de s’imposer un tel parcours !

Samedi 3 h, réveil, petit déj, ça pique un peu mais je suis plutôt frais dans ma tête. Je réveille les miens qui m emmènent au point de départ . Il est 4h45.. Merci à eux (la famille fait aussi des sacrifices!).

On s’approche de l heure fatidique. On range ses petites affaires et 5h15 on est au bord de l eau. 17°C en surface au bord du lac et 12°C au milieu du lac. 5 h 30 top départ dans le noir avec pour point de mire un gyrophare d’un dépanneuse de l autre côté du lac. Les fumigènes rouges et la musique lancent le truc. C’est parti pour une grosse rando.

Je prends le bouillon au départ et finalement ne voit pas grand chose du gyrophare, je me laisse guider par la grappe de bonnets roses. J’ai l impression de ne pas toujours tenir le cap, mais au bout d’un moment je pose ma nage avec pour grand objectif de ne pas puiser dans mes réserves et ne pas cramper. Le 1er tour
passe assez vite, on passe sur le ponton, et on replonge. Je me bagarre avec l eau (comme d’hab) et commence à avoir froid. Finalement, je sors de l’eau sans crampe (objectif atteint) et ma course commence. Le temps est très… bof 1h18 je crois et 122ème sur 192 au départ. Mais, pour moi, 0 panique.
La natation c’est 1/15ème de l épreuve.

Je me sèche, je me change intégralement et pars à vélo après une transition fulgurante (10 min!). Les jambes sont là, je mets peu de braquet et tourne les jambes. Les premiers cols arrivent très vite et c’est parfait car on se réchauffe rapidement. Coupe vent enfilé pour les descentes rapides et sinueuses des
Pyrénées (route ouverte à la circulation donc, pas question de couper un virage). Je m’alimente rapidement, même sans faim, car je sais qu’à un moment on a plus de mal à s’alimenter. Les cols s’enchaînent, la chaleur monte. Je profite de chaque ravito pour remercier les bénévoles qui sont franchement fantastiques. Les paysages sont à couper le souffle. Des vaches traversent gentiment la route de temps en temps en faisant sonner leur cloche. En haut de Pailhères un bus étranger se retrouve
coincé dans un virage en épingle. On se faufile. En haut, je retrouve Marine (supportrice Lavalloise) qui me dit que Xavier et Damien sont devant (Damien à 5 min et Xavier à 20 min ). La logique est respectée et je suis rassuré finalement d’être si proche d’eux. On attaque la descente de Pailhères . Les grands descendeurs se régalent . Des pointes à 90 km/h sont possibles.

Je me sens bien, je m hydrate, m arrose régulièrement, le thermomètre commence à dépasser les 30°C. On récupère nos ravitos perso (chips, charcut et fromage pour moi, que de la diététique!) et ça fait du bien de manger salé.

Je discute en montant le col du pradel avec un gars de Montpellier de 29 ans (qui a monté 4 fois le Ventoux en entrainement dans la même journée (6000 de D+ et 190 km !, la course avant la course ! ). Il m’impressionne mais va exploser au col suivant. (Règle de base, ne jamais se sur entrainer, on ne court pas un marathon avant un marathon. La sagesse du vieux).

Les organisateurs nous avaient prévenus, la course ne démarre qu’à partir du km 150 environ quand tu en as déjà plein les guibolles et que tu attaques le col de Carcanières à 9,5% de moyenne par 35°C maintenant et le col des hares.

Je vois les dégâts en reprenant pas mal de gars qui semblent presque à l arrêt. Pour moi, c’est passé, pas de crampe (toujours ma hantise) et plutôt satisfait d’être arrivé à avaler tout ce dénivelé. Il reste environ 20 km de faux plat mais là, un petit coup au moral, car le vent souffle pleine face et pas qu’un peu. Vitesse 20-22 km/h avec pas mal d’effort. J’arrive au parc à vélo après plus de 9 h 15 de vélo ne sachant absolument pas ma position au classement. On m’apprend, que je suis 24 ème. J’y crois pas. J’ai repris 98 places à vélo. Le truc de ouf !

Je suis requinqué car j’attaque ma partie de prédilection. La course à pied (pas d’écailles ni de nageoires, mais de bonnes jambes). Et là je suis servi. Un chantier pareil, j’en ai fait très peu. Deux aller retours lac de matemale, lac de balcère + une demi remontée jusqu’au village en passsant par les escaliers du village
des Angles, ses pistes de ski, des portions abruptes pour 1100 m de D+ au total. Je m’ efforce de toujours courir quand c’est possible . Ca ne va pas bien vite mais ça va bien pour moi par rapport aux autres. J ai pris un tour à un gars de Fougères qui m avait mis 20 min au half du Survivorne 1 mois plus tôt.

Je fais le 12ème temps de la course à pied remontant jusqu’à la 17 ème place. C’est galvanisant, ma femme et ma fille me retrouvent à intervalles réguliers, Claudius Brochard que je croise en bas me dit que je suis dans le top 20, La famille de Xavier m’annonce que je suis 16 ème. C’est top et je finis finalement 17ème, accompagné des miens en 15h31, plutôt frais pour un tel chantier.

Voilà, c’est la fin de long mois de préparation et l’aboutissement de toutes mes différentes expériences. Merci au club de Laval Triathlon qui permet ce partage d’expérience.

Merci à ma famille pour leur soutien, à Marine Godet et la famille de Xavier pour les encouragements pendant cette longue et inoubliable journée !

Laisser un commentaire