Julien a pris part au triathlon XXL de Deauville le 17 juin

Petit récit d’aventure de ce jour pas comme les autres :

« Ca y est c’est le jour J.

Triathlon Full distance de Deauville.

L’accomplissement de presque 6 mois d’entraînements et de sacrifices.

Particularité pour Deauville, la natation se fait au lac de pont l’Evêque. 3 boucles et deux sorties à l’Australienne. La natation se passe incroyablement bien. Nous ne sommes que 228 au départ, donc on évite la machine à laver. Je glisse et nage en souplesse. Je peux même profiter des nombreux supporters, amis et famille qui sont venus partager le moment (pour faire faire la OLA à l’assemblée nous encourageant lors des sorties à l’australienne, NDLR). Je sors de l’eau en 1h13, je ne m’attendais pas à sortir si vite et si frais. Les algues ont été moins gênantes que prévu.

Je prends mon temps à la transition et monte sur le vélo. Note pour le prochain (oui il y aura un prochain) : regarder devant soi lorsqu’on clipse les pédales. Je suis passé très proche d’une chute à la con.

C’est parti pour 6h d’effort, ou plus, à profiter du paysage et appliquer le plan fixé. Je me fais remonter par plusieurs athlètes mais je ne m’emballe pas, il faut arriver frais en CAP. Je caresse les pédales et fait mon échauffement au bout de 30 minutes pour mettre les jambes en route. La première heure se passe nickel, moyenne légèrement plus haute que prévue mais elle doit chuter dans la seconde partie de parcours beaucoup plus exigeante. Arrive le 35ème km et je reçois comme une décharge dans le creux de la fesse droite. Je ne m’affole pas, je sais qu’il y aura des hauts et des bas. Ça va chauffer puis partir.

Sauf que c’est de pire en pire… Progressivement je ne peux plus tenir la position aéro, ni être en bas des cocottes et doit me tenir le plus droit possible pour atténuer les douleurs. Je ne peux plus appuyer à droite, ca fait trop mal. J’arrive au 55ème où je retrouve les copains et la famille. Je leur explique que ça ne va pas du tout, je continue mais je ne sais pas comment ça va évoluer. J’ai envie d’abandonner.

Un participant me double, on discute quelques instants et me conseille de m’arrêter pour m’étirer. Au total je me suis arrêté 4/5 minutes pour étirer sans réel résultat. Mon salut viendra par la présence de Thomish, un copain qui a roulé avec moi du 65ème au 108ème pour me changer les idées et m’encourager. Je pensais de plus en plus à abandonner. L’injustice était trop grande, comme la douleur. Je deviens presque schizophrène… Les Km défilent quand même, je me refais dans les dénivelés où la tension est moins forte dans ma fesse.

Au 130ème on rejoint le parcours du L et les fusées qui vont avec. Voir du monde sur la route a dû m’aider même si la sécurité était bof. Je me dis qu’au 135ème, les pourcentages fous de la côte Saint Laurent auront raison de moi, que je mettrai pied à terre pour abandonner dans les bras des copains. On arrive dans la côte Saint Laurent, l’ambiance est folle, je vois les copains en haut de la bosse. L’émotion est très forte, je lutte pour ne pas craquer. Je donne tout sur la partie haute et la bosse passe, je me dis que je vais réussir à finir le vélo quand même et qu’on verra ce qui se passe en CAP. Le corps et le cerveau ont assimilé la douleur, ça fait toujours mal mais je reprends un peu de monde dans les dénivelés les plus importants.

J’arrive au parc à vélo, il est incroyablement long. Je prends mon temps pour me changer, les chaussettes surtout. Je masse ma voute plantaire avec un balle. Cette blessure m’aura accompagné toute la prépa mais je sens que ça va tenir aujourd’hui. Après quelques foulées, la douleur à la fesse est présente mais je vais pouvoir courir. J’ai moins d‘amplitude dans le mouvement, progressivement la douleur disparait. Je fais attention de ne pas partir trop vite. 5min/Km sur les deux premier kilos que j’arrive vite à corriger en 5:15. Il faut réaliser 8 boucles de 5km. J’oscille autour de 5:30 jusqu’au semi avec des bonnes sensations. Je croise les copains du TGtri qui sont sur l’épreuve aussi, je croise Simon (Pertron) qui a une vitesse indécente mais aussi Robin (Tessier) et Guillaume (Gaultier) qui terminent le L. On s’encourage à chaque fois qu’on se croise et ca fait du bien.

Je commence à me dire que je vais le finir. Les gels que je dois prendre ne passent pas bien. Je ne prends que la moitié à chaque fois en prenant le temps de les laisser fondre dans la bouche. Un point très positif à retenir de ce triathlon c’est la bonne alimentation et hydratation sur le vélo. Se rafraichir dès que possible sur le vélo et la CAP aussi. Casquette mouillée, s’asperger d’eau claire, tout est bon à prendre. Avoir pu partir sur le marathon bien alimenté, m’a permis de manger moins sur la CAP que prévu sans avoir de défaillances. A conserver pour la suite.

Après le semi j’entre dans le dur. Je décide de ne plus regarder la montre pour ne pas être découragé. Je me dis que si j’arrive à courir jusqu’au 30ème je pourrais finir en marchant 1 minute par kilomètre. Du 20 au 30ème je suis reboosté à chaque fois que je vois mes supporters. Ma femme et Marie ont la gentillesse de courir avec moi dans le long demi-tour pour que je continue de courir. Les km défilent et j’arrive au 30ème. Je marche une minute avant de me remettre à courir jusqu’au 31ème. Ca me parait interminable. Donc je me dis « 1 min de marche pour 2km et ça le fait ». Mes expériences sur marathon m’ont appris que dès que les jambes sont dures comme du bois il vaut mieux prendre 30s pour s’étirer et retrouver une « souplesse » relative. Ce que je fais 3 fois entre les 30ème et l’arrivée. Attention à ne pas en abuser car les crampes peuvent arriver…

Lors du dernier tour je sais que je vais finir mais j’ai peur. Un gros projet de 6 mois qui va prendre fin dans 20 min. Comment je vais réagir, qu’est ce que je vais ressentir … Reste un 8ème et dernier passage dans les 80m de sable mou et cette grande marche qui s’est creusée dans le sable tout au long de la journée. Dernier passage au milieu des terrains de tennis.

Je souris, je suis sur un nuage. Je vois la dernière ligne droite et l’arrivée au bout. Ma femme qui m’attend à mi-chemin pour finir avec moi. A ce moment là elle est presque plus contente que moi. Elle est tellement à fond que j’ai du mal à la suivre pour passer la ligne. On se tombe dans les bras, ça y est, je suis un Iron Man.

Au-delà de l’épreuve je retiens toute la préparation et les personnes qui m’ont accompagné pendant la préparation. Comme quoi, on peut avoir la meilleure préparation et le jour J toutes les cartes sont rebattues. Faut y être préparé. Les jours suivants on évacue la frustration et on réalise qu’on a bouclé une belle boucle.

Félicitations à tous les finishers. J’y retournerai.« 

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